L’histoire de l’Institution Ste Marie de La Seyne sur Mer, c’est une quarantaine d’articles à consulter (avec modération) sur www.3aism.fr* et sur ce site*
Cette grande Dame est l’un des piliers de l’histoire locale car elle a contribué à son rayonnement en France et dans le monde entier, tout comme nos chantiers navals…
La liste des articles que ces diaporamas illustrent est consultable ici* et ici*.
Hyacinthe André GustaveBeaussier fut l’un des deux premiers pensionnaires de l’InstitutionSte Marie*, avec Joseph Revertégat, les deux internes qui ont passé dans la vieille bâtisse la première nuit de l’ouverture du collège le 1er mars 1849, faisant partie des neuf premiers élèves.
Né le 5 mai 1840, l’officier de santé Clément Daniel* sera un de ses témoins de naissance.
Ils seront rejoints par les externes Victor Argentery, Joseph Clappier, Hyacinthe Agarrat, Sébastien Sénès, Edouard Daniel*, Jean Martinenq et Jules de Lisa. Ils appartiennent tous eux aussi à des familles de notables locaux. Victor est le fils de Joseph A., un négociant seynois, Edouard Daniel est le fils de Joseph Vincent Daniel sous commissaire de marine 5 rue Regonfle, Joseph Clappier est le fils d’un haut magistrat, Victor Clappier, ancien député du Var, Jules de Lisa, fils de Charles (45 rue Royale à Toulon) le sous- préfet, Martinenq et Daniel sont issus des plus anciennes familles de la ville.
À la première rentrée scolaire 1849/50 Hyacinthe Beaussier est en septième.
La rentrée 1849/1850
Sur les premières années du Collège le père de Sentenac écrivait ceci :
« Le Collège est strictement uninternat* composé de divisions groupant les élèves de même classe et de même âge qu’animent deux jeunes Pères. La division est autonome avec son étude, son réfectoire, son dortoir et sa cour de récréation, lieu des jeux collectifs obligatoires et en général violents.
La discipline est stricte et même rude : levée à 5h30, sorties rares et méritées, promenades en rang, table frugale. L’uniforme avec ses boutons dorés, le revers de la veste et la casquette avec ancre marine témoignent d’un esprit de corps ».
Son grand-père Joseph Sauveur Beaussier (1775-1825) était pharmacien. C’est lui qui fonda la pharmacie Beaussier en 1815.
Son père Antoine Gustave Beaussier (1804-1886) était pharmacien lui aussi, reprenant l’officine paternelle.
Antoine et Alexandrine auront deux enfants viables, un pharmacien Alexandre Joseph (1853-1910) et un médecin, Hyacinthe, qui deviendra médecin de la Marine, chevalier de la Légion d’Honneur en 1872.
Hyacinthe et sa femme Honorine Marie Roux auront un fils Ferdinand Gustave qui sera lui aussi médecin (1882-1911).
Sur les agendas de 1888 et 89 Alexandre Beaussier le fils d’Antoine est l’un des trois pharmaciens seynois avec Cyrus Hugues* et Audibert, il sera aux obsèques de Clément Daniel. Il est vice président du syndicat des propriétaires au comité du projet d’un sanatorium en forêt de Janas.
Alexandre sera parmi les premiers membres de l’Association Amicale des Anciens élèves*, présent au banquet du 12 mai 1889, l’AAAE qui fut officiellement reconnue le 20 juin 1888.
Pierre-Julien Eymard est né le 4 février 1811 à La Mure (Isère) dans une modeste famille d’artisans, profondément chrétienne.
En juin 1828, il entre chez les Oblats de Marie Immaculée à Marseille.
En 1831, Pierre-Julien entre au grand séminaire de Grenoble et, trois ans plus tard, le 20 juillet 1834, il est ordonné prêtre. Il exerce son ministère au service du diocèse de Grenoble (1834-1839), puis, attiré par la vie religieuse, il est autorisé à quitter le diocèse et entre chez les Maristes en 1839.
Pendant 17 ans, il y exerce des charges variées : directeur spirituel au collège de Belley en 1840, assistant général du père Colin à Lyon en 1844, puis visiteur général et directeur du Tiers-Ordre de Marie en 1846.
En janvier de cette année, alors qu’il prêche une retraite à Notre-Dame de Fourvière, il reçoit une grâce de vocation. Impressionné par l’état d’abandon spirituel dans lequel se trouvent les prêtres séculiers et le manque de formation des laïcs, il se sent appelé à fonder un nouvel ordre religieux entièrement voué au culte et à l’apostolat eucharistiques.
Le 12 septembre 1851, le Père Eymard est nommé supérieur de la communauté en charge du collège mariste de la ville de La Seyne-sur-Mer, point de départ pour les missionnaires maristes vers les missions.
Il y vivra cinq ans de 1851 à 1855.
Le Père Eymard n’était pas particulièrement heureux de son transfert à La Seyne-sur-Mer, principalement parce que son départ de Lyon le séparait du Tiers-Ordre de Marie. Il accepta cependant ce transfert comme la volonté de Dieu et se mit immédiatement à l’œuvre.
Le Père Eymard réorganise et apporte ordre, harmonie et paix à la communauté du collège, composée de personnel, d’étudiants et de parents. Sous son initiative, le collège enregistre rapidement une augmentation de la population étudiante, de 21 à 80 au cours de sa première année. Cela entraîne la nécessité de recruter davantage de personnel, notamment des sœurs trinitaires de Valence* pour prendre en charge le bien-être matériel de l’institution. Le Père Eymard prend en charge les besoins spirituels de la communauté en introduisant le culte de l’adoration et la communion fréquente, tandis qu’il organise lui-même des retraites scolaires et une direction spirituelle. Il enseigne également le latin et le grec aux étudiants.
Nommé supérieur du collège de La Seyne-sur-Mer, il doit redresser une situation difficile. Sous sa direction, en peu de temps, le collège va connaître un développement singulier. Les bâtiments du Collège, dont les dernières constructions avaient entraîné déjà pour 60.000 francs de frais, étaient sur un terrain qui n’appartenait pas à la Société de Marie.
Le moment était venu de mettre fin à une situation paradoxale et de changer en propriétaires définitifs les généreux locataires. Le propriétaire était le diocèse de Fréjus. C’est le Père Eymard qui prit en mains les dernières négociations et qui les mena à bonne fin.
L’estimation fut faite à 24.000 francs, et nous possédons le reçu de Monseigneur Wicart rendant le Père Eymard et le Père George acquéreurs du domaine situé à La Seyne, au quartier du Séminaire, signé du 14 décembre 1855.
Tout au long de sa vie, Pierre-Julien eut une intense dévotion à Marie, Mère de Dieu. Il eut connaissance de l’apparition de Notre-Dame de La Salette et aimait se rendre dans divers sanctuaires mariaux. C’est l’activité apostolique du Père Eymard pour la Société de Marie qui le mit en contact avec les différents courants de piété eucharistique qui circulaient dans l’Église de France et ailleurs en Europe.Son attrait pour l’Eucharistie se développe. Eymard est engagé dans l’Œuvre de l’Adoration nocturne à Toulon, et anime le groupe des Jeunes de La Seyne, commencé par le commandant Raymond de Cuers. Cette collaboration voit le nombre des adorateurs augmenter, à tel point qu’en 1856, on compte 1 800 femmes et 400 hommes engagés. Une maison est même louée pour les adorateurs et l’archevêque nomme le Père Eymard comme directeur spirituel.
Devant la croissance rapide de la communauté, le Père Eymard et De Cuers louèrent une maison où ceux qui adoraient le soir pouvaient se reposer et se rafraîchir. Plus tard, l’évêque bénit l’œuvre en nommant le Père Eymard directeur spirituel et en demandant l’établissement d’une autre communauté mariste à Toulon.
Le Père Eymard s’occupait aussi des besoins spirituels des prisonniers. A La Seyne, il visita les révolutionnaires emprisonnés à la suite du coup d’Etat de 1851 et enrôla un certain nombre de fidèles dans son association de l’Adoration du Saint-Sacrement à domicile.
1851 : Haro sur leCollège* : « Pierre-Julien Eymard prie et MARIE garde le Collège »
Le matin du 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte président de la deuxième République, arrivé en fin de mandat et n’étant plus autorisé à se représenter, édicte six décrets proclamant la dissolution de l’Assemblée nationale législative, le rétablissement du suffrage universel masculin, la convocation du peuple français à des élections et la préparation d’une nouvelle constitution, qui sera promulguée le 14 janvier 1852 (pour succéder à celle de février 1848) établissant par le fait un régime présidentiel autoritaire, le Second Empire, dont le souverain sera …Napoléon III, l’empereur des Français.
Après le coup d’État du prince Louis-Napoléon Bonaparte, en 1851, les républicains appellent à l’insurrection à Paris et dans le Midi. Des centaines de manifestants en armes se rassemblent autour de Toulon. Quelqu’un frappe à la porte du collège des maristes. Il avertit qu’une colonne de révoltés marche sur La Seyne afin d’incendier l’établissement scolaire. Au milieu de l’affolement ambiant, seul le nouveau supérieur, le père Eymard, garde son sang-froid.
Il décide alors de leurrer les assaillants éventuels en illuminant la maison dans le but de faire croire aux insurgés que leur complot est découvert et que les assaillis se préparent à la résistance. Bientôt des lumières brillent aux fenêtres. les émeutiers se croient trahis; ils pensent que des marins sont cachés dans le Collège, prêts à défendre ces fils d’officiers. Il n’en faut pas davantage pour déterminer leur dispersion, et pour noyer leur déconvenue.
Il n’y a pas de seconde expédition, car la gendarmerie disperse les émeutiers varois. En apprenant ce retour au calme, Pierre-Julien Eymard dira seulement : « Marie nous a protégés. » Preuve de la détermination des insurgés et du drame évité, les révolutionnaires, au nombre de 2 000, ne se rendent pas sans combattre et laissent une centaine de tués sur le terrain.
La reprise en main par les autorités est brutale, des centaines d’insurgés sont incarcérés. Si aucune condamnation à mort n’est prononcée, les peines de prison tombent dru et sont très lourdes. C’est alors que Pierre-Julien Eymard va trouver le commandant de Bouchaud afin d’intercéder en faveur des prisonniers et lui demander, à défaut de grâces, des améliorations de leurs conditions d’incarcération. Il faut une charité exceptionnelle pour plaider la cause de gens qui avaient l’intention de vous assassiner, comme le lui fait remarquer le commandant, qui a eu très peur pour son petit-fils.
Le jour de la fête de saint Joseph, le 18 ou 19 avril 1853, lors de sa prière d’action de grâce après la messe, le Père Eymard rapporte qu’il a reçu une grâce spirituelle qu’il caractérise comme une tendre pensée de se donner au service du Très Saint Sacrement et la possibilité d’établir un ordre du Saint Sacrement. Mais le P. Julien Favre, supérieur général, s’oppose à une œuvre qui n’entre pas dans le rayonnement de la Société de Marie.
il quitte la Société de Marie et s’installe à Paris où il fonde la congrégation du Saint-Sacrement le 13 mai 1856 et, avec l’aide de Marguerite Guillot, une tertiaire lyonnaise qu’il a accompagnée, la congrégation des servantes du Saint-Sacrement en juin 1858.
En juillet 1868, sur ordre de son médecin, le père Eymard épuisé par des épreuves de toutes sortes, arrive dans son village natal de La Mure pour s’y reposer. Succombant à une hémorragie vasculaire cérébrale, il y meurt le 1er août à l’âge de 57 ans. Sur sa tombe on grave cette épitaphe :
« Aimons Jésus qui nous aime tant dans son divin sacrement. »
Eymard était un ami et un contemporain des saints Pierre Chanel, Marcellin Champagnat et du bienheureux Basile Moreau.
Il est déclaré vénérable en 1908, béatifié par le pape Pie XI le 12 juillet 1925 et canonisé par le pape Jean XXIII le 9 décembre 1962.
Le pape Jean-Paul II nomme le Père Pierre-Julien Eymard, fêté le 3 août « Apôtre de l’Eucharistie ».
Prêtre, religieux, fondateur de deux instituts religieux, la Congrégation des Pères et Frères du Saint-Sacrement en 1856, et les Servantes du Très Saint-Sacrement (S.S.S.) en 1858.
Il existe très peu de sources concernant ce saint dont la châsse transmise à Ste Marie en 1853 donna lieu à une immense fête locale. Ce cercueil-reliquaire avait sa propre chapelle latérale lors de la livraison de la Chapelle* en 1864, faisant face à celle dédiée à St Joseph (Le collège avait ouvert ses portes en Mars 1849, le mois de St Joseph).
Identité de Saint Victorius
Le terme « nomine proprio » indique que « Victorius » était le nom spécifique attribué à ce martyr, probablement inscrit sur une plaque ou un loculus dans les catacombes romaines. Au XIXe siècle, sous le pontificat de Grégoire XVI (1831-1846), l’Église catholique intensifia l’exploration des catacombes pour récupérer des reliques de martyrs chrétiens des premiers siècles. Ces corps, souvent accompagnés d’inscriptions ou de signes (comme une palme ou une ampoule de sang), étaient considérés comme des témoins de la foi primitive. Le 27 juillet 1835, date précise mentionnée, correspond à une période où Grégoire XVI autorisait de telles extractions pour distribuer des reliques à des congrégations ou des missionnaires, renforçant ainsi la dévotion catholique face à la montée du rationalisme.
18 saints portent le même prénom, dont un seul reconnu par l’Église catholique, un pape de 1085, Victor III…Le collège possède un reliquaire supposé de St Victor de Marseille (pas de certificat pontifical retrouvé). Le recours à l’intelligence artificielle a donc été nécéssaire pour étoffer cet article.
Victorius n’apparaît pas dans les martyrologes majeurs (comme le Martyrologe romain), ce qui suggère qu’il s’agit d’un martyr obscur, l’un des milliers exhumés et authentifiés par des certificats pontificaux. Son nom, dérivé de « Victor » (vainqueur en latin), est typique des appellations données aux martyrs, symbolisant leur triomphe spirituel. Sans plus de détails sur sa vie ou son martyre, il est probable qu’il fut un chrétien exécuté sous les persécutions romaines (Ier-IVe siècle), inhumé dans une catacombe comme celles de Saint-Calixte ou de Priscille.
Extraction et transfert en France
L’ordre de Grégoire XVI pour extraire le corps de Victorius le 27 juillet 1835 s’inscrit dans une pratique bien documentée. Le pape, connu pour son intérêt pour l’archéologie chrétienne, confiait souvent ces reliques à des évêques ou à des ordres religieux. Mgr Jean-Baptiste Epalle, mariste français né en 1808 à Marlhes (Loire), est la figure clé ici. Avant de devenir vicaire apostolique de Mélanésie et d’Océanie orientale en 1844, Epalle était un missionnaire actif au sein de la Société de Marie. Il est plausible qu’il ait visité Rome entre 1835 et 1840, période où les Maristes, fondés en 1816 par Jean-Claude Colin, cherchaient à établir leur légitimité et à soutenir leurs missions.
Epalle aurait reçu ces reliques directement de Grégoire XVI ou via un intermédiaire ecclésiastique, avec pour mission de les ramener en France. Cela coïncide avec son rôle au sein des Maristes avant son départ pour le Pacifique en 1844. Les reliques auraient alors été confiées à Jean-Claude Colin, supérieur général des Maristes, qui les conserva ou les redistribua. Leur arrivée à La Seyne-sur-Mer, où les Maristes étaient implantés, s’explique par cette connexion : Colin les offrit au collège Sainte-Marie, pour en faire un symbole de foi et d’éducation.
Parcours des reliques jusqu’à 1853
Entre 1835 et 1853, les reliques de Victorius ont probablement été conservées par les Maristes, peut-être à Lyon (siège de la congrégation) ou dans une maison régionale, avant d’être destinées à La Seyne. Le choix de ce lieu reflète l’importance croissante du collège Sainte-Marie, fondé dans les années 1850, comme centre éducatif et spirituel. La translation solennelle du 17 juin 1853, orchestrée par le supérieur du collège, fut un événement planifié pour marquer les esprits, avec une procession, une foule de 15 000 personnes, et une bénédiction eucharistique, soulignant le lien entre ce martyr et la mission mariste.
Déroulement de la cérémonie
Le 17 juin 1853, à 17 heures, la procession débute avec une marche triomphale accompagnée par la musique du 18e régiment de ligne, basé alors dans la région (probablement à Toulon, port militaire voisin). La ville, décorée comme « un navire en fête », reflète son caractère maritime et sa ferveur collective.
« En même temps que maîtres et élèves saluaient le céleste protecteur qui leur était donné, les hommes les plus considérables de l’administration et de la Marine se déclaraient hautement les amis de la Maison. On vit ce jour-là, tenant les cordons de la châsse des saintes Reliques, M. l’amiral du Bourdieu, préfet maritime, M. l’amiral de La Doucette, commandant l’escadre d’évolutions, M. Clappier, président du Tribunal civil, M. de Lisa, sous-préfet de Toulon, M. le colonel commandant la place de Toulon; M. le Maire de La Seyne; M. de Ravinel, contrôleur de la Marine ; MM. de Brignac et de Rouchaud, capitaines de frégate, tous en grande tenue, puis MM. les adjoints ceints de leurs écharpes. Venaient ensuite le Conseil mu-nicipal, les administrateurs de l’hospice, et de plus, un grand nombre d’officiers supérieurs de la Marine en grande tenue, près de cent chevaliers de la Légion d’honneur revêtus de leurs décorations et escortant le jeune Martyr, les prud’hommes, les pêcheurs en grand costume, les présidents et les députés des Sociétés de St Joseph, de St Eloi, St Roch. Un détachement de douaniers, leur capitaine en tête, tourait tout le cortège et fermait la marche, enfin sans distinction, toute la population de La Seyne heureuse de donner ce témoignage éclatant de son dévouement à la Religion et à l’Œuvre de Sainte- Marie ».
L’histoire d’une maison d’éducation (1882)
Il était cinq heures du soir. Les rues, les places, les quais, tout était rempli par une foule silencieuse et recueillie. La musique du 18 de ligne commence une marche triomphale ; la procession s’ébranle. La ville était parée de ses plus beaux ornements et ressemblait à un navire en fête, pavoisé de ses plus riches pavillons. Les élèves du Collège au nombre de 116, s avançaient gravement, portant en main une palme, symbole de victoire...
Après une station à l’église paroissiale Notre-Dame-de-Bon-Voyage où M. l’abbé Audibert prononça le panégyrique du Saint, discours exaltant les vertus du saint, la procession reprit sa marche triomphale.
Arrivée au Collège, elle s’arrêta sur la place, qui était alors très vaste, puisque la foule fut estimée à quinze mille personnes, un chiffre impressionnant pour une ville de quelques milliers d’habitants à l’époque, on donna la Bénédiction du Très Saint Sacrement, qui clôture la cérémonie, liant cet événement à l’Eucharistie, une dévotion centrale pour les Maristes et renforcée localement par Pierre-Julien Eymard, qui séjourna à La Seyne cette même année.
« On déposa la châsse dans une chapelle provisoire décorée à cet effet.Les reliques du saint y restèrent exposées afin de rappeler aux élèves la grande leçon d’abnégation et de générosité chrétiennes qu’il avait donné aux hommes de son temps, de son vivant.«
Louis Baudoin Histoire de La Seyne
Lors de la livraison de la chapelle* actuelle en 1864, il est fait mention de la chapelle dédiée à St Victorius, preuve de l’importance que revêtait ce reliquaire pour la congrégation.
Hypothèses et signification
Victorius, en tant que martyr « nomine proprio », n’est pas un saint célèbre comme Victor de Marseille, mais un témoin anonyme des catacombes auquel on a donné une identité et une vénération locale. Son transfert par Epalle et Colin illustre la stratégie des Maristes pour ancrer leur présence en Provence, en dotant leurs institutions de reliques prestigieuses. La date de 1853, peu avant la démission de Colin en 1854, pourrait aussi refléter un dernier acte symbolique de son mandat.
Conclusion
On sait donc que le corps de saint Victorius, martyr extrait des catacombes le 27 juillet 1835 par ordre de Grégoire XVI, fut apporté en France par Mgr Epalle, missionnaire mariste, et confié aux Maristes par Jean-Claude Colin. Il fut solennellement transféré à La Seyne-sur-Mer le 17 juin 1853 pour le collège Sainte-Marie. Les reliques de Victorius furent conservées dans la chapelle du collège. Aucune mention ultérieure de ce culte n’apparaît dans les archives accessibles aujourd’hui. Au-delà de ces faits, son histoire reste celle d’un martyr obscur, dont le culte local s’est probablement éteint avec le temps. Des archives maristes ou un certificat pontifical pourraient apporter plus de lumière, mais en l’état, cet événement illustre le dynamisme religieux du XIXe siècle et l’héritage des catacombes dans la piété catholique.
Sources
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Les origines de Sainte Marie (archives ISM)
Translation des reliques de St. Victorius (archives ISM)
L’histoire d’une maison d’éducation (1882) Discours prononcé par M. L’abbé Paul Terris
Ce grand-orgue en tribune au-dessus de l’entrée principale est inscrit à l’inventaire national des Orgues.
Il se compose d’un buffet en chêne néo-gothique à 3 plates-faces en mitre avec montre à bouches ogivales rapportées, la plate-face étant la partie plane de la façade du buffet d’orgue où sont rangés les tuyaux de montre, et la montre étant le jeu d’orgue placé en façade de l’instrument.
Sa console indépendante tournée vers la nef avec registres en gradins de part et d’autre.
François Mader Ste Marie 1862/64
Son créateur, François Mader, était surnommé le Cavaillé-Coll marseillais, une dynastie de facteurs d’orgues qui dominaient la corporation.
François Mader a d’ailleurs entretenu une correspondance abondante avec Aristide Cavaillé-Coll, révélatrice de sa collaboration (parfois en sous-traitance) avec cette maison à Marseille et en Provence.
Estimé pour la qualité et la quantité de ses travaux sur près de cinquante ans, ses orgues sont caractérisées par une harmonie pleine, ronde et puissante.
L’église paroissiale de La Seyne-sur-Mer Notre-Dame de Bon-Voyage* possède aussi un orgue de François Mader datant de 1892 et classé Monument Historique en 1981.
Quant à l’orgue de Ste Marie, il a une valeur historique certaine car c’est le plus vieil instrument authentique de François Mader encore conservé : le détail manuscrit du projet de l’orgue à deux claviers à la main et un clavier de pédales est signé par François Mader lui-même le 11 septembre 1862, un mois avant la pose de la première pierre dela chapelle* (29 octobre) qui fut bénie le 5 novembre 1863 et livrée terminée le 10 juillet 1864. L’orgue fut probablement construit et installé en 1864, opérationnel dès la « mise en service » de la nouvelle chapelle.
Mader fut professionnellement actif de 1845 environ à 1895.
La chapelle avant restauration (2014)
Malheureusement ce très bel instrument est fort dégradé et nécessite un relevage dont le coût avoisine les 80 000 euros. Une souscription va bientôt être lancée…
Sources
inventaire-des-orgues.fr/detail/orgue-la-seyne-sur-mer-chapelle-de-linstitution-sainte-marie- (Code de l’orgue : FR-83126-S_MER-STMARI1-X)
St Mitre, St Maximin, Ste Marguerite V.M, Ste Agathe V.M, St Vincent.
Jean-Marie Vianney, « le curé d’Ars ».
Saint Patron de tous les curés de l’Univers (1929).
Le reliquaire contient une mèche de cheveux et un fragment de sa dernière soutane.
Fragment de bois de la Sainte Croix du Christ
« Ex ligne vera crucis Domini Nostri Jesu Christi »
respectueusement placée dans une boite ovale en cuivre.
« Louis-Jacques-Maurice de Bonald, par la miséricorde divine et par l’autorité du saint-siège apostolique, du titre de SS Trinité du Mont Pincio (L’église de Santa Trinita dei Monti à Rome) SRE de la Sainte Eglise Romaine Cardinal-Presbytre de Bonald, archevêque de Lyon et de Vienne, Primat des Gaules, etc ».
Vera Crux.
Saint Pierre Chanel.
Pierre-Louis-Marie Chanel : Prêtre Mariste missionnaire, martyr de l’Océanie, canonisé en 1954. Saint patron de toute l’Océanie pour les catholiques.
Saint François de Sales, St Jean Eudes, St Paulus (de La Croix ?).
St Augustin évêque St Antoine, ST Claude, évêque, St François d’Assise, St Franc Régis (Jean François Régis), Ste Thérèse, Ste Claire d’Assise.
« Ex ossibus sanctorum des évêques St Augustin, St Claude, de St François, St Antoine Ste Thérèse et Ste Claire respectueusement placés dans une boite ovale en cuivre ».
St Pierre-Julien Eymard.
St Pierre-Julien Eymard (1811-1868) :
Canonisé en 1962, Père Mariste de 1839 à 1856 puis fondateur de la Congrégation du Saint-Sacrement en 1856 et de la Congrégation des Servantes du Saint-Sacrement en 1858.
St Michel des Saints.
St Michel des Saints (1591-1625),
religieux catalan de l’Ordre des Trinitaires.
St François de Sales, Ste Thérèse, St Jean évêque, St Jean François Régis, Ste Anne, St Laurent,St François Xavier, St Maurice.
Saint Gratien et Saint Libérat.
St Grati m (martyr) Saint Gratien et St iberatus m (martyr romain) Saint Libérat
St victorius.
Soldat romain sous Maximien Hercule, mort en martyr en 303 à Marseille.
Ce fut le 1er mars (1849) que le pensionnat, placé sous le vocable de l’auguste Mère de dieu et sous la protection de saint Joseph, fut officiellement ouvert et devint l’Institution sainte-Marie* de La Seyne. »
Louis Baudoin
On dénombre neuf élèves le premier jour dont les trois internes dont l’Histoire a retenu les noms (Hyacinthe Beaussier, Joseph Clappier et Auguste Lasserre), mais rapidement plusieurs dizaines d’enfants vinrent grossir les rangs.
01 mars 1849 : les deux premiers pensionnaires de Ste Marie*, Hyacinthe André Gustave Beaussier et Joseph Revertégat dorment dans la vieille bâtisse le soir même puis Auguste Lasserre les rejoint et ensuite Victor Argentery, Joseph Clappier, Hyacinthe Agarrat, Sébastien Sénès, Edouard Daniel*, Jean Martinenq et Jules de Lisa. Ils appartiennent tous à des familles de notables locaux. Clappier est le fils d’un haut magistrat, ancien député du Var, Jules de Lisa, fils du sous- préfet, Martinenq et Daniel sont issus des plus anciennes familles de la ville. Mais d’autres Daniel sont parmi les élèves de la première heure :
1849 : En classe de 8ème 1er cours : 9 élèves dont Prosper Daniel*, 2ème cours 12 dont un Jules Daniel, 21 en 3ème cours dont un Albert D., un Emile D. t un Ernest D.
En 7ème 9 élèves au 1er cours dont Edouard Daniel* et 16 élèves au 2ème cours et en 5ème 12 élèves dont Charles Daniel.
1849
Charles, Louis, Henri, Marie né le 15 avril 1836 à La Seyne est le frère du Dr Prosper Daniel* ainsi que le neveu du chanoine pénitencier Jean-Joseph, Louis, Charles, Marie Daniel (1795-1877) et du Dr Clément Daniel*(qui est le père du Dr Henri Daniel* et le cousin du Dr Hyacinthe Combal*).
Charles, Louis, Henri, Marie né le 15 avril 1836 à La Seyne, second fils d’Augustin (Louis Etienne) et de Claire Rosalie Robail, fit de brillantes études au collège des Pères Maristes, et après avoir fait sa philosophie et suivi les cours de mathématiques spéciales, il entra en 1856, au grand séminaire de Fréjus.
Dès son ordination sacerdotale Monseigneur Jordany l’envoya à Reynier en qualité de vicaire. Le vieux curé Granier étant démissionnaire, les notables demandèrent à l’ évèque de le leur laisser comme curé tant ils étaient satisfaits de leur sacerdoce. L’abbé Daniel étant trop jeune prêtre pour en être le curé, l’ évêque ne peut adhérer à leur demandeet il fut envoyé comme vicaire à la cure du canton de Cotignac. Trois mois après, un poste s’est trouvé vacant à Cannes, au grand déplaisir du curé de Cotignac, l’abbé Daniel y fut appelé en récompense de ces bons services. Il est alors en 1879 l’un des 8 membres de la réunion préparatoire à la création de l’Association Amicale des Anciens Elèves* de l’Institution Ste Marie dont les statuts seront finalement déposés en 1888.
Il y demeura 16 ans, puis fut désigné à la cure de Trans, ne pouvant être nommé de vicaire à curé de la nouvelle église dans la même ville. Le climat de ce pays étant très humide, bien qu’il fût au mieux avec ses paroissiens, il fut contraint de les quitter et demanda à l’évêque l’autorisation d’aller passer quelques mois à Rome. Cette autorisation lui fut accordée avec beaucoup de bienveillance.
Le curé Daniel arrive à Rome en 1884 précédé de haute recommandation auprès des cardinaux de Holenhor (?) et (Flavio III) Chigi, dont il avait connu les familles. Ces excellences le mirent en relation avec la haute prélature et le firent nommer plus tard chanoine de la basilique de Sainte-Marie in Monte Santo. Léon XIII le fit ensuite camérier secret et prélat du palais. Il lui accorda l’autel privilégié et Pie X lui donna l’autel portatif réservé aux évêques. Il fut proposé pour l’épiscopat mais le manque de haute protection rendit cette proposition infructueuse. Les évêques de Fréjus à qui il avait rendu bien des fois service, lui offrirent à différentes reprises des postes importants dans le diocèse, mais Monseigneur Daniel déclina ses offres vu sa situation à Rome.
Pendant les 28 ans qu’il passa dans la ville éternelle, il ne cessa de s’occuper des œuvres, de faire preuve de zèle et de rendre service à ses compatriotes en leur venant en aide en toutes choses. Il assistait aux cérémonies officielles qui avaient lieu à la cour pontificale. Il a publié des conférences sur le Saint sacrifice de la messe, trois volumes in folio illustrés sur Rome et la hiérarchie de l’église catholique au XIXe siècle, et un volume in 8 ayant pour titre Manuel des sciences sacrées. Avocat Consulteur de plusieurs congrégationsromaines.
Agé de 79 ans il obtint du Pape Pie X qui avait une bienveillance particulière pour lui une très convenable pension de retraite et l’autorisation de quitter Rome le 10 février 1914 et de se retirer en France près de sa famille. Chose assez singulière Monseigneur Daniel et ses frères, tenus au baptème par les trois frères de leur père ont embrassé la même carrière que leur parrain… Louis Daniel capitaine au long cours a eu pour parrain Emmanuel capitaine au long cours, Charles a eu pour parrain son oncle le chanoine pénitencier Jean-Joseph, Louis, Charles, Marie Daniel et le docteur Prosper a eu pour parrain son oncle le docteur Clément Daniel.
Au nom de l’Institution Sainte-Marie où le regretté M. Beaussier a fait ses études et avec laquelle il a toujours conservé les relations les plus cordiales, permettez-moi de dire sur sa tombe, qui va se fermer, une parole de sympathie, qui soit en même temps une parole de consolation pour la digne compagne de sa vie et pour ses enfants
M. Beaussier disparait a un âge où ses amis pouvaient légitimement espérer le voir vivre encore de longues années ! Sa santé, il est vrai, inspirait depuis quelques mois de vives inquiétudes : il est pourtant mort à un moment où rien ne faisait prévoir un dénouement subit, alors qu’il venait de s’entretenir familièrement avec les siens.
Mais, Messieurs, M. Beaussier n’a pas été surpris par la mort; il s’était préparé courageusement et chrétiennement, et ce souvenir est la meilleure consolation que nous puissions offrir à cette heure à sa famille éplorée. Car, en face de ces séparations, dont nous sommes, hélas ! tous les jours, les témoins attristés, les consolations humaines, quelque cordiales et empressées qu’elles soient, sont si impuissantes qu’on ose à peine les offrir ! Mais l’espérance, la certitude d’un Revoir éternel dans un monde où les séparations ne seront plus à craindre, cette espérance est le meilleur adoucissement à la douleur de ceux qui demeurent, après la disparition de l’être aimé !
C’est une grande science, Messieurs, que de savoir mourir, c’est-à-dire de savoir être prêt, quand la mort vient, implacable, malgré les efforts de l’amitié et de l’art médical ! Et c’est seulement pour ceux qui ont eu, comme M. Beaussier, cette science, que l’on peut offrir, sans hésitations ni réticences, à une famille chrétienne, les assurances du Revoir éternel !
Tous ne savent pas apprécier le bonheur de croire ; mais ceux qui l’ont ne sont-ils pas les moins à plaindre ? Ne leur porte-t-on pas envie ? Ne sont-ils pas à imiter ?
Pas un de vous, Messieurs, ne me contredira, si, à l’ami que nous pleurons, je dis simplement : Au Revoir.
Bon et généreux, il faisait l’aumône dans une très large mesure et sans ostentation. Aussi les pauvres frappaient-ils souvent à sa porte, assurés de trouver auprès de lui un bienveillant accueil.
Il se plaisait à la vie de famille : son plus grand bonheur était de se voir entouré des siens, de ses enfants et petits enfants.
Dès que notre association amicale fut constituée, M. Roch Granet en fit partie; il fut même, dès le début, nommé Vice-Président du Comité, fonction qu’il a conservée jusqu’à sa mort.
En 1902, il présida, au collège, la Distribution des Prix et y prononça un discours sur « !a lutte dans la vie » et les moyens de livrer avec fruit ce combat de chaque jour.
Il était un des membres les plus assidus de nos réunions annuelles et, pour qu’il s’abstint d’y paraître, il lui fallait une raison bien grave. Il se proposait d’assister a la réunion du 17 Avril et avait même envoyé sa carte d’adhésion, lorsque survint la maladie qui devait l’enlever à l’affection des siens.
Sa mort a été, comme sa vie, profondément chrétienne.
ÉLOGE FUNÈBRE PRONONCÉ PAR Monsieur le Chanoine DELAUNAY, Supérieur du Collège sur la tombe de Monsieur Alexandre Beaussier, Pharmacien à La Seyne.
Enfant de La Seyne et fils d’un des plus anciens élèves du collège (le pharmacien Alexandre Joseph Beaussier) Charles Eugène Félix vint tout jeune à Sainte-Marie prendre la place de son père. Il y fit toutes ses études et en sortit bachelier de philosophie en 1904.
Après avoir fait son service militaire dans l’infanterie coloniale, il se fixa aux Chantiers de La Seyne, tout près de sa mère, veuve depuis quelques années, dont il était la consolation et le soutien.
Mais la guerre arrache les fils à leurs mères et Charles Beaussier partit à son tour, prêt à faire en tout et partout son devoir.
Il était caporal brancardier au 34° régiment d’infanterie coloniale.
Dans les loisirs forcés de l’hiver l’âme poétique et rêveuse de notre Charles se surprit, comme autrefois sans doute sur les bancs du collège, a faire quelques vers. Nous avons eu connaissance d’une petite poésie intitulée : « Les Aumôniers » où la délicatesse des sentiments s’exhale dans une forme si pure que nous n’hésitons pas à la reproduire ici. On y verra que la bonne semence n’avait pas été jetée en terre ingrate, et que le brancardier savait apprécier à sa juste valeur le dévouement apostolique dont il était chaque jour le témoin.
A Monsieur l’abbé de Beaumont, aumônier de la 65e division :
« Les Aumôniers »
Calme, les yeux perdus dans un rêve profond, Sans souci du fracas énorme du canon,
Un homme errait, le soir, sur le champ de bataille, Courbant de ci de là sa haute et fière taille.
Je le vis se pencher vers un soldat mourant, Le baiser sur le front, lui parier doucement,
Puis s’en aller, grandi, vers une autre misère A laquelle il disait : Dieu te regarde, espère !
Ses gestes étaient doux ; son œil apitoyé Semblait pour ces mourants dire au Seigneur : Pitié
Et j’ai vu bien des bras se tendre vers ce prêtre. J’ai vu des corps meurtris la douleur disparaitre
Parce qu’il leur parait ainsi qu’à des enfants Avec des mots très doux, comme font les mamans.
Il leur parlait de Dieu, du Dieu de leur enfance, De Celui qui de tous partage la souffrance,
Et lors qu’une âme, enfin, vers le ciel s’envolait Il me semblait qu’alors son front s’auréolait.
Soyez bénis de tous, héros obscurs et braves, Vous qui semblez grandir quand les heures sont graves.
Des mères les regards vous suivent pas à pas, Car votre geste aimant adoucit le trépas
Vous qui bravez sans peur la mitraille et les flammes Pour mettre aux pieds du Christ une ample moisson d’âmes.
Calmes, les yeux perdus dans des rêves profonds, Sans souci du fracas énorme des canons,
Ces hommes vont, le soir, sur le champ des batailles. On croit voir dans la nuit, quand ils courbent leur tailles,
Le geste auguste et beau de rudes moissonneurs Gerbant pour le Bon DIEU des âmes et des cœurs.
Sur le front, le 26 Juin 1915.
L’abbé de Beaumont, on le voit, était l’ami de Charles Beaussier.
Malheureusement un jour vint où ils durent se séparer et l’aumônier ne put assister aux derniers moments de celui dont il avait su gagner la confiance.
Dans une lettre qu’il écrivait à Madame Beaussier (Magdelaine Marie Geneviève Madeleine CURET 1861-1943) nous trouvons la confirmation de l’estime qu’il avait pour son fils.
« Madame, lui écrit-il, votre fils est une nature d’élite, avec laquelle j’aimais à m’entretenir.
Son colonel et ses officiers m’en ont parlé avec beaucoup d’éloges et j’ai été heureux de constater que tous partageaient l’estime et l’affection que j’avais pour lui. »
En Juillet 1915, Charles Beaussier, toujours dévoué dans l’exercice de ses fonctions, se distingua plus particulièrement encore que de coutume en soignant des blessés « sous un bombardement intense et presque ININTERROMPU. »
Sa belle conduite lui valut une citation à l’ordre du régiment.
Mais après avoir échappé à bien des dangers, il fut un jour grièvement blessé. Ce fut le 8 juin dernier (1916). « Il avait assuré son service malgré un violent bombardement » ainsi qu’en témoigne la seconde citation dont il a été l’objet. Transporté à l’hôpital il dut subir l’amputation d’un bras et d’une jambe ainsi que l’énucléation de l’œil droit. Mais il ne put survivre à de si graves blessures et à de si atroces douleurs, et après un mois de souffrances il mourut.
« Il est mort en héros et en chrétien » écrivait un de ses compagnons d’armes.
« Intelligent, bon et dévoué, écrit un autre, il avait tout pour lui; nous le pleurons comme un frère. »
Ses dernières paroles furent pour sa mère qu’il avait tant aimée. Dans presque toutes les lettres qu’il lui adressait il lui disait: « Maman, ayons confiance en Dieu, nous nous reverrons. »
Quand il n’y a plus place ici-bas pour le revoir terrestre la pensée du revoir éternel est bien consolante. C’est cette pensée, qui console aujourd’hui la pauvre mère et lui donne la force et le courage pour supporter jusqu’au bout le douloureuse séparation.
Cité à l’ordre du régiment :
« Sur le front depuis le début de la campagne, a fait preuve, en diverses circonstances, des plus belles qualités de dévouement, s’est distingué particulièrement pendant la période du 1e au 8 Juillet 1915 où, sous un bombardement intense et presque ininterrompu, il a aidé à soigner une grande quantité de blessés évacués sur le poste de secours. »
Décoré de la médaille militaire :
« D’un dévouement à toute épreuve, a été très grièvement blessé le 8 Juin 1916, en assurant son service malgré un violent bombardement. Dut subir l’amputation d’un bras et d’une jambe ainsi que l’énucléation de l’œil droit. »
Beaussier Charles Eugène Félix, caporal-infirmier au 34e régiment d’infanterie coloniale. 1885-1916
Édouard Daniel fut un des neuf premiers élèves présents à l’ouverture des classes du collège le 2 mars 1849. Il allait avoir neuf ans, étant né le 31 mai 1840.
Il fit à l’institution Sainte-Marie qu’on appelait alors le collège des pères Maristes, d’excellentes études, ce dont témoigne le palmarès qui nous le montre remportant chaque année, un bon nombre de premiers ou de seconds prix. À cette époque, la distribution des prix était toujours précédée d’une séance académique (elle serait mal accueillie de nos jours) et le jeune Daniel y fit plusieurs fois bonne figure. En 1857, étant élève de rhétorique, il lut une narration française intitulée « Marseille, fondée par les phocéens » et l’année suivante, un discours français qui avait pour titre « de l’influence des lettres dans l’éducation ».
Presque chaque année Édouard Daniel avait obtenu le premier ou le second prix d’instruction religieuse. On ne fut donc pas étonné de le voir choisir à la fin de ses études classiques la carrière ecclésiastique. Il fut au grand séminaire de Fréjus, ce qu’il avait été à La Seyne : un élève brillant et il couronna ses études de théologie par l’obtention du diplôme de Docteur, qui lui fut décerné par la faculté d’Aix. Il avait choisi pour thèse Dante Alighieri le grand poète italien. Ce choix seul dénotait l’originalité du jeune Abbé. Daniel fut en effet toute sa vie très original et aimant passionnément l’étude, il se plongeait dans la lecture de tous les livres qui lui tombaient sous la main, enrichissant ainsi son esprit de connaissances aussi multiples que variées et qui, si elles n’étaient pas toujours pour lui d’une utilité très pratique, avaient au moins le grand avantage de rendre ses conversations très intéressantes et de charmer ses auditeurs. Tour à tour professeur au Petit Séminaire de Grasse qui était à alors du ressort du diocèse de Fréjus, puis vicaire à Bargemon, Antibes et enfin Saint-Joseph de Toulon , il fut au comble de ses voeux quand il se vit nommé archiviste de l’évêché de Fréjus.
Bibliomane invétéré, il allait donc pouvoir se livrer à sa passion favorite, entasser documents sur documents, approfondir les questions historiques, en particulier les histoires locales et faire des découvertes sensationnelles au moins pour lui. Mais il était prêtre et il ne l’oubliait pas et pendant très longtemps il prodigua ses soins et tout son dévouement spirituel aux malheureux de l’hôpital de Fréjus, et chaque dimanche pendant une quinzaine d’années, il assurera le service religieux d’une paroisse aux environs de Cannes. Depuis 32 ans, il avait été élevé à la dignité de Chanoine de Cannes, et il aimait à dire qu’on avait « doré » sa retraite, en jetant sur ses épaules l’hermine des ultimes récompenses.
Monsieur le Chanoine Daniel n’acheva pas ses jours à Fréjus; sentant sa fin prochaine, Il ne pouvait s’y tromper, étant infirme et octogénaire il reprit le chemin de sa ville natale, et voulut mourir, entouré des soins dévoués de sa nièce et de ses neveux Georges et René Frichement, nos anciens.
NB : René Frichement est le mari de Marguerite de Jouëtte, soeur de Roger de Jouëtte* et tante de Robert de Jouëtte* les conchyliculteurs seynois !
Il est mort presque subitement et ayant juste le temps de recevoir les derniers sacrements le vendredi 29 août à l’âge de 84 ans.
Devant ce cercueil un rapprochement nous vint à l’esprit. L’an dernier nous enregistrons dans le bulletin, le décès de Victor Argentery qui lui aussi avait assisté à la première classe faite à l’institution Sainte-Marie. Or ces deux patriarches, après avoir été séparés toute toute leur vie depuis la sortie du collège, sont venus mourir presque à la même place, la rue seule en effet sépare les deux immeubles où ils sont morts.
Ceux que la vie sépare, la mort les réunit. Anciens de La Seyne, aujourd’hui dispersés, puissions-nous tous un jour, nous trouver réunis à reformer au Ciel la grande famille de Sainte-Marie.
Sources
Rubrique nécrologique sur Entre Nous, revue interne I.S.M 1924